"Je suis capable de faire des choses qui sont réservées qu'aux développeurs." Stanislas Verjus

25 mai 2023

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Thibault Marty

Ancien journaliste, Stanislas Verjus est une figure incontournable du Nocode en France. Dans cet épisode, il nous parle de ses outils fétiches, de son parcours de formation, de ses projets de consulting, du succès de son premier livre blanc ainsi que du contenu de son prochain livre blanc.

Raconte nous ton parcours.

J'ai fait des études de journalisme spécialité journalisme mobile (tournage et montage sur smartphone). J'étais JRI (journaliste reporter d'images).

En tant qu'intervenant dans les écoles, qu'enseignes-tu ?

J'ai fait quelques formations dans des écoles. J'ai un statut d'intervenant. À ce jour, je suis intervenu dans 6 écoles (DSP, ICARE etc). Grâce à ma formation, je dispense le cours "journalisme mobile". Je fais aussi de la formation full-nocode. On a vu Dorik, Typebot un peu de Zapier et de Glide. Je suis certifié expert Glide, mais en 3h je fais juste de l'introduction à cet outil. Rien de plus.

J'ai une meilleure légitimité dans le nocode, c'est pour ça que je pousse beaucoup avec. Je ne suis pas un expert de Webflow ou de Zapier ou de Bubble. Je fais plus de la découverte ou de l'introduction aux outils nocode dans ces écoles. Les formats écoles sont assez restreints en termes de temps du coup c'est assez intense. En même temps c'est normal ils ont pas mal de cours. Il faut repenser sa méthode de pédagogie dans un format assez court. C'est vraiment pour semer des graines. Je les pousse à fouiner dans les documentations. Je veux qu'ils apprennent par eux-mêmes: aller sur des sites spécialisés dans le Nocode ou à se former avec Ottho par exemple.

En tant que freelance, qu'est-ce que tu utilises comme type de technologie ?

Ça dépend des clients. J'utilise un peu Webflow même si la courbe d'apprentissage est compliquée sur la partie animation. Sur la partie construction de site, CMS, ça va mais le reste est plus complexe.

Je bosse aussi sur Dorik, Carrd et Glide. Ce sont des petits projets. C'est marrant.

Je trouve qu'il n'y a pas d'exploration à faire mais je bosse aussi sur du Zapier et Airtable.

J'ai aussi développé des chatbots pour le plaisir.

Comment as-tu découvert le Nocode ?

À l'origine je ne viens pas du tout de l'univers du Nocode. Je l'ai découvert grâce à un professeur Damien V., un média hacker. (personne qui essaie d'explorer et exploiter le milieu du digital afin de créer du contenu. Le but est de fédérer une communauté et transmettre.) Il m'a fait découvrir énormément d'outils nocode comme Wooclap que j'utilise pour mes formations. C'est un peu un mentor spirituel. Aussi, il m'a introduit au Nocode avec Glide en juillet 2019. C'est grâce à lui que je peux produire plein de choses.

J'ai trouvé ça fou. Je trouve aujourd'hui le nocode est une force, le côté empowerment. Je pense que les gens ont envie de concrétiser une idée. N'importe qui est capable de pouvoir développer une idée. En général quand je parle aux gens, la plupart n'ont pas de background tech ou savent à peine lire du HTML. Ils ne savent pas écrire du CSS. Et se dire que grâce au nocode tu peux réaliser des applications, des actions réservées aux personnes dites tech je trouve ça fou. C'est hyper intéressant. C'est hyper fort de se dire qu'on est capable de le faire.

Qu'est-ce qui t'a poussé à continuer le Nocode ?

Ce qui m'a poussé à continuer dans cette voix-là c'est le plaisir. Je savais manier WordPress. Mais je n'avais aucune idée que je pouvais apprendre à créer des applications mobiles. Ce qui m'a vachement aidé c'est que Damien mon ancien prof m'a aidé sur Glide. Je vous raconte la petite histoire. Je lui envoie un mail pour lui demander de m'envoyer un template d'une application sur Glide. Il refuse. Au contraire il m'a envoyé le lien d'un cours en ligne. J'ai fait cette démarche d'aller chercher et de m'intéresser. J'ai rejoint la communauté et j'ai pu poser mes questions. Il m'a donné l'outil pour pouvoir apprendre. J'ai bien mieux appris de cette manière que si j'avais recopié bêtement un template.

As-tu déjà connu de grosses galères avec le Nocode ?

Un des plus gros blocages de ma vie c'était sur Glide. J'ai passé une journée là-dessus. C'était enfer. Et en fait c'était parce qu'un de mes termes n'était pas en majuscules. J'ai passé une journée sur ce problème à cause d'une majuscule. Parfois il y a des moments où tu bloques et ça te fait péter un câble.

Personnellement dès que j'ai une galère je contacte la communauté. Je laisse un message sur le Slack ou sur le forum des outils et j'ai une réponse directement. Les gens sont là pour s'entraider. La communauté est bienveillante. Par exemple, quand je galère sur Webflow, je vais voir Valentin. Il prend son temps et il m'accompagne. Par contre, n'allez pas tous le voir sinon il va me détester (rires). Il vit de ça et il pourrait me dire je te le facture. Mais non il ne le fait pas.

Parle nous de ton premier livre blanc.

Pour tout vous dire c'était une envie. C'est paradoxal mais j'ai toujours détesté écrire. Je suis très mauvais en orthographe. Je fais plein de fautes. C'est une catastrophe. (rires) J'ai appris à aimer écrire. C'est un moyen de transmettre un peu d'informations. Et en fait je me suis dis: c'est marrant il n'y a pas de livre blanc sur le Nocode. C'était aussi de l'égotrip. Et c'est là que je me lance. Je vais écrire le premier ça va être drôle et je vais pouvoir me dire que je suis le premier à l'avoir fait. Et au fur et à mesure de l'écriture je me suis posé la question suivante: soit je fais un truc très tech ou soit je fais un truc plus littéraire . C'était en mars 2020. J'avais pas assez de légitimité pour donner des astuces sur la tech. Du coup je me suis demandé: comment aborder le Nocode ? Ce n'est pas du tout technique. Vous n'allez pas apprendre à nocoder dedans. Je vais essayer de transmettre ce que je pense être le mindset du nocode: des tips et idées sur qu'est-ce que l'esprit nocodeur, comment est-ce que vous pouvez avancer. Les problématiques que soulèvent le nocode, comment rentrer un peu dans le nocode. Je donne des petits conseils.

Actuellement, il y a eu 850 mails envoyés pour mon premier livre blanc. Et à peu près 600 téléchargements. C'est marrant mais il y a eu beaucoup de personnes de la finance qui ont téléchargé mon livre blanc. Ah oui ! Mon livre ne m'a rapporté aucun lead (rires).

Quelles sont les principales thématiques de ton deuxième livre blanc ?

L'idée du deuxième vient de septembre 2020. En fait mon problème c'est que toutes les semaines je lance des idées mais je n'arrive jamais à toutes les faire. J'ai commencé mon deuxième livre blanc. Je voulais être plus technique. Il y aura des portraits de personnes inspirantes, d'outils nocode aussi. Donner des tips sur le futur du digital. Parler des uses cases. Il sera un peu plus long. Je veux faire rentrer la communauté. Être moins littéraire. Rentrer dans le dur.

Parle nous de Nocodenews

On a discuté avec Alexis de Contournement et on s'est dit que ça serait marrant de lancer ça. Il y a Julien qui nous a rejoint aussi. Il s'occupe de la veille de la communauté NocodeFrance tous les vendredis. Elle est incroyable. C'est un travail colossal. C'est une valeur ajoutée.

Quels sont tes prochains objectifs ?

Aujourd'hui je suis plus accès sur le conseil et l'implémentation d'outils. Là j'accompagne deux boîtes francophones sur leur développement et leur stratégie. J'aimerai bien à terme faire du conseil et de la formation et ne plus avoir à développer. Les oneshot ne m'intéresse plus. Mais bon je le fais quand même parce que ça me permet de faire du cash et de manger. C'est plus simple de trouver des projets en mode développement que du conseil. Mais à terme je veux faire que du conseil. Monter une boîte de conseil. Gérer tout ce qui touche à la création de produits et la mise en place de produits en interne mais en bossant avec des agences partenaires. Ne plus m'occuper de la partie tech.

J'essaie de sortir de ce schéma d'application. Quand je suis bloqué je préfère déléguer à des agences. Je suis très mauvais en gestion de projet c'est pourquoi je préfère me concentrer sur les formations en présentiel. Je ne suis pas fan des formations en asynchrone. Je ne veux pas aller sur ce terrain. Aujourd'hui, Contournement et Ottho sont très forts dans ce domaine. Ça ne sert à rien que je me lance là-dedans surtout si je n'ai rien à apporter.

Quelle est ta vision du Nocode ?

Je n'étais pas prêt pour ça (rires)

Je vais te la faire en deux séquences: pouvoir réaliser ses rêves. Je suis capable de faire ça. L'intérêt du Nocode c'est ce sentiment d'être capable de faire des choses et de produire. Quand on voit tous les REX qu'on a fait, toutes les interviews et toutes les discussions que j'ai eues avec des personnes c'est ça la force du Nocode. Je fais des sondages avec des étudiants: qui sait faire ça ou ça. Personne ne me répond. Je leur dis vous avez tord parce que tout ce que je viens de lister vous êtes capables de le faire. Pour moi c'est hyper important d'avoir ce côté pro. Petite précision: si vous êtes en burnout, le Nocode ne va pas vous aider à ne pas faire un burnout. Mais par contre, ça peut vraiment vous aidez personnellement à prendre confiance en vous. Acquérir des compétences et se dire voilà j'ai mon idée et je peux la faire c'est génial. Et je citerai Stéphanie Vagba. Elle a un background littéraire. Elle voulait se lancer dans la restauration. Elle s'est formé à Adalo et elle pu sortir son application mobile sans l'aide de personne. Cette histoire est géniale et ça montre bien le côté inspiration et être capable de faire des choses quand on n'a pas de bagage tech. Elle me confiait en interview qu'elle avait plein d'idées et quelle voulait faire plein de choses. C'est vraiment un retour d'expérience super intéressant: se rendre acteur de ses idées.

Peux-tu faire des pronostics sur quelques outils nocode ?

Je veux faire un big up à un outil que j'adore: c'est Dorik. Pour moi c'est un outil qui va grossir et qui va être top. Si un jour Dorik ferme, je mettrais tout l'argent qu'il faut pour récupérer cette boîte. Pour moi, c'est un outil vraiment cool. Au fur et à mesure que je l'utilise, je me rends compte que c'est top ce qu'ils ont fait. C'est un mix entre le Carrd trop simple et le Webflow un peu complexe. Pour 5 sites avec un custom domain ça te coûte 4 euros par mois.

Glide est mon coup de coeur. C'est un outil d'apprentissage au nocode. Par contre, j'ai annulé les versions pro chez eux. Leur pricing a augmenté. Ça peut être un frein. C'est outil fou. C'est simple à utiliser. Tu ne peux pas ne rien faire sur Glide. J'ai une soixantaine d'apps qui tournent à l'heure actuelle. De plus, je me suis mis au script de la Google Sheet. J'intègre un peu de code. Je vous recommande un expert: Robert Petitot. C'est un super expert.

J'utilise très peu Zapier. Il y a très peu d'automatisations qui tournent à l'heure actuelle. J'ai dû mal à trouver des uses cases. Mais ça va venir. (rires)

Umso (ex Landen) est mon point négatif de cette année. Leurs tarifs sont hors de prix. 30 euros par mois pour un site. C'est trop cher. C'est même plus cher que Webflow en abonnement et Squarespace. Je conseille aux gens d'aller vers ce dernier d'ailleurs. La communauté n'est pas folle. Tu ne peux pas les contacter c'est un calvaire. C'est dommage parce que c'était un outil prometteur. Avant, j'avais tous mes sites sur Umso. Mais je suis passé sur Webflow parce que ça me coûte moins cher de les faire là-dessus. Umso j'étais à 30 euros par site. Webflow j'en suis à 10 euros par site.

On n'a peu de représentations françaises d'outils. Donc on a l'impression d'être en retard, mais en fait pas tout. Je vais me faire engueuler mais il y a MINSAR. Mais c'est plus un outil en VR. Mais c'est vrai que la plupart des outils sont américains. Evangéliser le nocode va permettre aux gens de se lancer sur des outils. Et j'espère que ça va permettre d'avoir des outils français.

Pourquoi n'as-tu pas réussi à maîtriser Bubble ?

C'est un gros point noir que j'ai. À part Glide je n'ai aucune expertise dans d'autres outils. J'aime beaucoup aller découvrir d'autres outils. Par exemple Bubble j'ai essayé. Je l'ai pris en main. Mais la courbe d'apprentissage est complexe. Quand tu veux produire quelque chose sur Bubble, ça prend du temps. Je n'ai pas pris le temps de suer et de souffrir face à cet outil. Ça m'a fait lâché Bubble. Je laisse aux experts Bubble cet outil. Ils sont bons là-dedans. L'outil est cool et les productions sont supers. Je suis habitué aux outils où la courbe d'apprentissage est rapide. Par exemple, Glide, Dorik, Zapier ou Carrd, c'est rapide à utiliser et à prendre en main. Je trouve ça intéressant de gérer des petits outils.

Jusqu'où es-tu allé sur Bubble ?

Le responsive est un calvaire (rires). J'ai réussi à avancer et à faire des trucs. Notamment à faire des workflows et de la data. Je me suis débrouillé. J'ai compris la notion de popups. C'est pratique comme système. C'est génial et pratique. J'ai lâché Bubble parce que le projet sur lequel je bossais je ne voyais plus le sens de continuer sur cet outil. Du coup je l'ai fait sur Glide. Je n'ai pas pris le temps d'avoir cette logique.

Tes pronostics sur le Nocode pour les trois prochaines années ?

Se faire beaucoup d'argent avec le Nocode (rires).

Non en vrai, je pense que ça va augmenter en termes de marché. Ça va être exponentiel. À partir de mi-2021 on pourra faire des pronostics. Là c'est trop tôt. Je vois mal le marché s'effondrer. C'est une révolution. De plus en plus de monde va s'en emparer. C'est beau de voir plein de projets naître. Le nocode a un bel avenir devant soi.

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